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Perséphone
Mar 7 Avr - 17:20
https://terraaustralis.forumactif.com/t110-persephone-le-chant-d-une-ame-en-peine#366
Namaru
Perséphone

Ici, tous ceux qui sont en marge, qui ne se sentent pas conformes à cette société qui part en couilles, seront toujours les bienvenus !


Salut...
Moi, c’est Perséphone mais, tu peux m’appeler la Charmeuse si tu es ami ou bien la Porteuse de Mort si tu me veux du mal. Quand tu me regardes, tu pourrais dire que j’ai une trentaine d’années lorsque je suis sous forme humaine, mais pourrais-tu deviné que j’ai plus de trois cents ans en réalité ? Concernant ma nature de Namaru, j’ai appris à la contrôler. Je consacre ma vie à accueillir et gérer tous les marginaux qui cherchent un groupe où vivre. Je suis une femme jusqu’à preuve du contraire, et une très belle femme d’ailleurs. Je n’ai personne dans ma vie pour l’instant, mais si tu n’es pas une autre femme tu n’auras pas beaucoup de chance de m’attirer.

Une voix de velours, voilà ce que m’a offert l’âme d’Asheru qui est venu s’instiller en moi.

Quiconque entend ma voix, quand elle est empreinte de ce mystérieux pouvoir, tombe irrémédiablement sous mon charme. Soit il se rangera toujours de mon avis, soit fera tout pour me protéger de divers dangers, ou encore fera tout ce que je lui dis.

Sous ma forme humaine, je ne peux charmer qu’une seule créature à la fois, mais en me transformant en ma Bête intérieure , je peux assujettir une dizaine de personnes, mais toujours qu’un seul Asheru.


Physique

Nos motos et véhicules de transport fonçaient à toute allure dans ce désert rocailleux qui était depuis longtemps maintenant notre seule maison. Toujours rester en mouvement. C’est ce que j’avais appris au fil des années. Pas plus d’une semaine à stationner au même endroit et toujours plus de deux cents bornes entre deux points de chute. Les protéger et accueillir. Un but que je m’étais fixé il y a bien des lunes de cela.

Qu’il soit humain ou Namaru, la personne qui le demande sera toujours le bienvenu parmi nous. Je pourrai dire les Asheru aussi, mais peu s’abaisseraient à reconnaître l’état de marginalisation qui est le nôtre et qui nous rassemble. Et en plus de deux cents ans, ce n’est jamais arrivé.

Comme à mon habitude, j’étais au-devant de la file, guidant ma communauté. Je chevauchais une bécane que j’avais rafistolée moi-même. Bon, c’était pas un travail d’orfèvre, mais ça faisait le taf. Mes longs cheveux bleus au vent, j’appréciais la brise qui s’y glissait grâce à la vitesse à laquelle j’allais. Ça faisait du bien tant le cagnard tapait dur.

D’un coup de tête, je repérai un îlot rocheux projetant une ombre suffisante afin d’ériger un campement et nous protéger du soleil ardent. C’était décidé, on établirait notre bivouac là. Comme d’un seul homme derrière moi, tous m’y suivirent quand je nous y dirigeai.

Une fois arrivé, je m’arrêtai d’une glissade dans la terre aride, faisant crisser mes deux pneus, et fis signe à mes compagnons de se stopper ici même. D’un geste élégant, je descendis de ma moto et réajustai mes mitaines en cuir ainsi que ma veste à imprimés crâne de mort sur les épaules et qui s’arrêtait à hauteur de mon nombril.

Bien vite, je fus rattrapée par Oswald, l’humain qui me secondait pour l’instant, et le reste de la troupe. Je ne lui laissai que le temps de sortir de sa bagnole pour lui donner mes premières directives.

— Que les tentes et les baraquements soient établis le plus rapidement possible,
dictais-je, d’un ton que je voulais ferme, contrastant avec mon timbre de voix habituel. Il faut profiter un maximum de la fraîcheur de l’ombre et réduire notre fenêtre d’exposition aux tires d’un sniper embusqué. Poste des gars qui surveillent les alentours afin de repérer d’éventuels pilleurs.
— Ok,
me répondit-il, pas le moins du monde ébranlé.

Faisant claquer sa portière, il criait déjà des ordres aux gens qui étaient arrivés. Personne ne lézardait quand il s’agissait de monter notre camp. Ils auraient bien trop peur de toute manière. Pas de moi, non, ou des conséquences de leurs inactivités, mais des dangers que renfermait cette contrée malfamée. Moi-même, je n’étais pas épargnée par cette tâche.

Je m’affairai déjà à décharger les tentes juchées sur le toit d’une bagnole à moitié rongé par la rouille. Du coin de l’œil, derrière mes lunettes de soleil rondes, j’aperçus l’un des nouveaux lorgner mes deux avant-bras. Je le dévisageai à mon tour, baissant ma monture au plus loin de mon nez. Quand il capta mon sourire narquois, ses joues tournèrent au rouge et il reprit rapidement son travail.

Mais, je le comprenais. Quand on était pas habitué, ça faisait toujours son petit effet. Lorsque tu t’attendais à voir un bras normal et qu’on te foutait sous le pif une paire de radius et de cubitus à nus. Ouais, je me doutais que ça choquait.

Mais j’avais pas choisi d’être comme ça, que du contraire. C’est comme j’avais pas demandé à ce que mes globes oculaires et ma crinière virent au bleu électrique complètement ou que des sillons d’un noir de jais se creusent sur mes pommettes. Nan, tout ça était le résultat de ma transformation en Namaru. Une transformation difficile, violente et des plus déconcertantes.

Tout en transportant sur mon épaule l’immense toile qui allait m’abriter ces prochains jours, je me souvenais comment, à l’aube de ma nouvelle condition, je cachais ces particularités. Parfois derrière un voile et de longues manches. Mais avec les années, j’avais fini par m’accepter et les arborer avec fierté comme la marque de ma marginalisation. Même mon ancien statut d’esclave n’était pas venu à bout de ma volonté.

En passant devant une table où de l’outillage y avait été disposé, je me saisis d’un maillet et de sardines, prête à dresser ma tente. Je me dirigeai au plus près du rocher et me penchai pour planter mes piquets. Une fois mon ouvrage fait, je me redressai, ouvris ma veste, laissant visible un crop-top à bretelle kaki, tant la chaleur, même à l’ombre, était peu supportable.

En le secouant pour me faire de l’air, je tournai légèrement la tête pour regarder derrière moi et surpris quelques yeux d’hommes et de femmes me reluquer du coin de l’œil. Ils se perdaient tous sur ma chute de rein dont un string apparent et mon pantalon militaire moulant venaient souligner mes courbes.

Je fis semblant de rien et, comme pour les aguicher un peu, attrapai mes cheveux des mains. En les remontant pour découvrir ma nuque, je me déhanchai sensuellement. Me juchant sur la pointe de mes bottes à talons carrés afin d’accroitre encore un peu plus le rebondis de mes fesses, j’esquissai quelques pas affriolants.

Caractère

J’étais une belle et grande femme, qu’on avait sculptée et dressée pour faire tourner la tête et donner du plaisir à tout un tas de personnes différentes. Et j’avoue, cette part de moi ne m’a jamais vraiment quitté.

Pis, je prenais quelques fois de la satisfaction à aguicher les gens que j’avais recueillis. Mais c’était toujours dans un esprit bon enfant. Jamais je n’aurais voulu retourner dans la servitude ou utiliser mes charmes pour rouler ou obtenir quelque chose d’eux.

Une fois que je vis que leurs joues virèrent au rouge, je leur fis un clin d’œil complice et me remis au dressage de ma tente. Ouais, je n’étais vraiment plus celle que j’avais été autrefois. Les années m’avaient clairement changé.

De servile, j’étais devenu libre et figure d’autorité. Mais pas comme quelqu’un d’impérial et intransigeant. Nan, je ressemblais plus à une maman qui veillait sur ses gosses.

De dépendante, j’avais lentement glissé vers l’indépendance et la débrouillardise. Et il en fallait beaucoup pour survivre dans ces badlands. D’ailleurs, arpenter ces terres m’avait appris pas mal de choses. Comme toujours avoir un coup d’avance sur ces ennemis ou chérir ceux sur qui on peut compter.

— Persé,
m’appela Oswald, les gars ont quasi fini de monter le camp.
Okay, je veux que les barrières soit prêtes dans la seconde où les gens ont planté le dernier piquet. Que les bagnoles soient placées de façon à pouvoir partir rapidement en cas de pépin. Je m’occupe du reste.

Je m’approchai d’un pas assuré vers les gars qui déchargeaient  une remorque contenant les objets les plus précieux pour notre communauté, ou tout du moins ils l’étaient pour moi.

Bon, venez avec moi, on va regarder où foutre l’estrade et les tables. Ensuite, on s’occupera de ces bébés. On les mettra à l’ombre.

Ces quelques fiers-à-bras me suivirent à l’intérieur et on détermina que l’endroit le plus approprié pour installer la scène s’était au fond du campement entre ma tente et la cantoche. Du coup, après  quelques directives à leur intention, je me rendis près d’une autre caravane contenant mes affaires. Parce que ben ouais, je peux pas me trimballer tout mon attirail sur ma bécane.  

Je saisi mon hamac bouloté dans un coin, mon nécessaire de toilette et une série de planche pacquée ensemble et je les ramenai sous ma tente. Elle était spacieuse, du fait que c’est moi qui dirigeait, j’avais au moins ce privilège. Du coup, j’accrochai mon lit suspendu entre deux piquets soutenant la toile et commençai à construire une armoire.

Après quelques allé-retours, des cheveux ramenés en un chignon un brin sauvage avec des mèches s’échappant par-ci par-là, des taches de poussières sur le visage et des clous mâchouillés, ma cabane ressemblait enfin à quelque chose de potable. J’avais un bureau pour traiter tout ce qui était de l’ordre de l’officiel et derrière lui un coin un peu reculer qui me servait de chambre.  

Sans vraiment m’en rendre compte, les heures avaient défilées. On était à présent en fin de journée, le soleil commençait doucement à péricliter vers l’horizon. Les gars s’occupaient de disposer les tables en une longue ligne pour qu’on se réunisse autour dans un moment convivial. Un doux fumet se laissait transporter par une brise, laissant sous entendre que les cuisinières s’étaient mit à l’œuvre.  

A l’entrée de ma tente, je regardai les gens que je considérais comme ma famille avec fierté.

— Hey, Boss ! Tu comptes rester là sans venir nous aider à dresser la table ?
me demanda l’un d’eux, un sourire sincère dans la voix.
Bah écoute, la vue est bien d'ici, je me la touche pas mal ouais, répondis-je d’un timbre plus légué que celui que j’avais employé au début de la journée.

Je m’approchai d’eux d’un pas langoureux, saisi deux bancs non loin et les apportai près des tables vides. J’aimai profondément cette ambiance bonne enfant. C’est l’une des choses qui me manquait cruellement autrefois et je suis heureuse d’avoir trouver ça à travers eux.

Je pris du plaisir à participer à ce moment, je me surpris même à apporter les plats depuis la cuisine sur la table. Les rires et les blagues étaient de mise. On s’envoyait même des fions de temps à autre pour se foutre d’un des notre. Même le repas se passaient sans encombre, j’étais parmi eux, et pas en bout de table comme un véritable chef. On trinquait, on ripaillait comme des bons vivants, comme si on était loin de tout ça, comme les marginaux que nous étions.

En agissant comme ça, j’avais vraiment l’impression d’être une mère avec ses gosses. Mais ça me plaisait vraiment ce genre de sentiment. Je me voulais simple et accessible, qu’on ne pense pas que je sois tyrannique ou une mégère.

Pourtant, malgré ces bons sentiments qui m’envahissaient en cet instant, cela n’arrivait pas à combler totalement le mal-être qui m’habitait constamment. Avec les années, j’avais accepté tout ce que j’avais enduré dans mon existence, mon ancienne condition d’esclave du plaisir, ainsi qu’une apparente solitude émotionnelle. Cependant, je ne parvenais pas à occulter ce malaise, cet état d’âme que je me devais de cacher à mes gens.

J’étais empreint d’une certaine mélancolie quand je me surprenais à rêver à une vie utopique, parfois d’une histoire sans danger, parfois celle d’un couple rangé, vacant à son train-train quotidien. Mais, je savais que ce n’était qu’une fantaisie et je reprenais rapidement mes esprits et me satisfaisais de ce que j’avais.

Le temps passa à toute vitesse, le repas se termina dans la bonne ambiance et avec une dose d’alcool. Le soleil était couché depuis longtemps et Hécate rayonnait déjà haut dans le ciel. Et comme pour exécuter un ballet familier, les personnes assises se levèrent et disposèrent les tables de façon éparse dans la cour, à quelques distances les unes des autres, avec une paire de chaises. Et, tandis que je débarrassai les plats avant de rejoindre ma tante, une estrade commençait à être montée.

Une fois dans mes appartements, je n’avais qu’une hâte, c’était d’être dans dix minutes et de brûler les planches. Il s’agissait d’une des rares activités à me faire oublier tous mes soucis et à me transporter.

Alors, d’un geste sensuel surtout adressé à moi-même, je me désapai. Je retirai ma veste et mon top distraitement, et puis me penchai en avant pour dégrafer mon soutif, abandonnant enfin ma poitrine voluptueuse à la liberté. Je fis courir mes mains sur mes bras osseux, venant finalement caresser mes courbes doucement en descendant sur mes hanches.

Là, je me déchaussai d’un coup de talon, déboutonnai mon pantalon et le laissais glisser sur mes jambes. Je m’enlevai de mes frusques étalées en les faisant tomber d’un pied tendu.

Je lançai un regard dans le grand miroir qui trônait un peu plus loin et ressentis une certaine fierté à la vue du corps qui était le mien. À trois quarts nue, je me dirigeai vers une commode et sortis un long vêtement noir d’un tiroir que j’avais monté moi-même. Et, tandis que je déposai ma robe sur le dossier d'une chaise, que je m'y assis et et que je me coiffai les cheveux, je laissai dériver mon esprit.



Et voici mon histoire...
Autrefois, j’étais humaine. Mais c’est une époque révolue désormais, sur laquelle je ne m’apitoie plus depuis bien longtemps. Quand j’y pense, c’était il y a trois cents ans déjà. Je suis née et j’ai grandi dans les rues d’un bidonville maintenant réduit à l’oubli. Il était perdu dans les Terres Déchirées. Comme partout en ce temps-là, j’étais fille d’esclaves parmi tant d’autres humains au service des Asheru.

Mon enfance n’a eu que peu d’importance dans ma vie. Ma mère faisait en sorte de s’occuper de moi de son mieux. Voilà tout ce dont j’arrive à me souvenir. Nan, pour moi, mon existence commença réellement quand les évènements prirent un tournant auquel je ne m’y attendais pas du tout. C’était lors de mon adolescence, j’avais seize ans.

Je faisais déjà montre d’une grande beauté à cet âge-là, même si elle ne demandait qu’à se sublimer. Et forcément, dans le monde qui est le nôtre, ça attise la jalousie et la convoitise. Dans notre village de fortune et de crasse vivaient des Asheru et il faut croire que j’ai tapé dans l’œil de l’un d’entre eux.  

Gaziel. Un démon se comportant de façon très vénale, cherchant à tout instant le profit et s'amusant de sa domination sur les esclaves.  L’un de ses pouvoirs lui permettait de revêtir une forme humaine. Sous cette forme, il ressemblait à un homme noir, portant un costume et un haut de forme aux couleurs criardes et extravagantes. Il se baladait toujours avec une canne, comme un dandy.

Cependant, il prenait bien soin de se distinguer de notre race par une caractéristique des plus morbides. Une grande partie de son squelette ressortait légèrement de sa peau. Pour une raison que je ne me suis jamais expliquée, il se faisait appeler le baron samedi sous cette forme. Et, je crois que, pendant tout le temps où j’ai été à son service, je ne l’ai vu que sous cette apparence.  

Mon existence entière a donc changé quand il a posé ses yeux  sur moi. Il m’a trouvé  à mon goût et n’a eu qu’une envie, me faire sien. Alors, au détour d’une rue, il me fit enlever par des hommes à sa botte et ils m’amenèrent jusqu’à sa baraque. En comparaison de la mienne, elle était cent fois plus cossue, même si ça restait une cabane de bidonville.  

Au premier abord, j’avais opposé une certaine résistance,  je ne voulais absolument pas être à son service. Et surtout pas être son esclave du plaisir personnel. Malgré mon  physique, j’avais jamais eu besoin de vendre mon cul pour survivre dans ce monde et j’aurais aimé ne jamais avoir à le faire. Pourtant je n’ai pas eu d’autre choix que de plier.

Mais, céder à ces désires le plus pervers ne se passa pas dans la joie, non que du contraire. Il avait pris un malin plaisir à me briser psychologiquement et physiquement. Me modelant à sa guise, à ses envies, à son bon vouloir. Le pire, c’est qu’au lieu de le faire d’une traite, il fit durer les choses, distillant ses supplices sur plusieurs années. Je frissonnai rien qu'à y repenser tandis que, dans ma tente, je tentais de dompter mes cheveux.

En tant qu’esclave des Asheru, on était jugé comme des moins que rien, mais, à ses côtés, j'étais encore moins bien considérée. J’étais aussi importante qu’un animal. Si bien qu’un jour, il eut la lubie de me mettre un collier et une laisse. Il m’a promené comme ça pendant un mois dans tout le bidonville.  

Au bout des cinq premières années, j’étais finalement devenu son jouet au plus profond de mon être. Je lui obéissais au doigt et à l’œil, comblant le moindre de ses désirs, usant de mon corps entier pour lui plaire. Il m’avait certes brisé, mais il m’avait aussi magnifié d’une certaine façon. De tout le cloaque où nous habitions, j’étais devenu la plus séduisante, la plus canon à regarder et je savais utiliser mon anatomie comme personne.

Finalement, les années s’enchaînèrent, les sévices se firent moins importants, je m’habituais quelque peu à ma condition. Cepedant, je nourrissais encore secrètement l’espoir de parvenir à m’enfouir loin de lui et de vivre une existence plus libre, loin de toutes blessures et emmerdes. Et pourtant, tout se bouscula à nouveau dans ma vie aux environs de mes trente ans.

Tout autour de nous, dans les bidonvilles et tributs voisins, on entendait des histoires comme quoi mes semblables commençaient à muter, à gagner des pouvoirs, à se transformer en hybride d’Asheru et d’humain. Rapidement, l’intérêt pour les esclaves comme moi perdit de l’importance et l’oppression se reporta sur ces Namaru comme on les appelait, j’ai cru que j’étais sauvée. Ouais, sauvée... Sauvée, mon cul ! Le destin ne voulait pas ça pour moi. Et j’emmerde le destin.

Parce que, pendant une nuit, moi aussi je me suis mis à muter. C’était une expérience affreuse. J’étais dans mon lit et d’un coup tout partit en vrille. Mon être entier brûlait du feu de l’enfer. Et je voulais pas dire au figuré, non. J’avais littéralement mes avant-bras qui se consumaient dans des flammes d’un bleu surnaturel. Soudain tout s’accéléra.

Mon crâne explosa, faisant apparaître un long museau et des cornes horribles. Mon dos s’ouvrit en deux, laissant se déployer une paire d’ailes squelettique. Ma cage thoracique s’accentua dans une gerbe de flammes qui se répandit dans tout mon corps. Je ne savais pas à quoi je devais ressembler, mais ça devait pas être beau à voir. Et puis, j’avais faim. Une faim insatiable pour de la chair fraîche.

Forme Draconique:

Je vis mon maître se pointer dans ma chambre à moitié démolie juste au moment où je pris appui sur mes membres osseux et décollai dans une fureur bestiale.

Je ne me souvenais absolument pas de ce qui s’était passé après ça. Un voile noir et d’ombre obscurcit ma vision quand j’essaye de me remémorer ces évènements. Comme à chaque fois que je me transformais à cette époque d’ailleurs. Tout ce dont je me rappelle, c’était d’avoir été retrouvée nue par Gaziel au beau milieu du désert le lendemain matin. Il avait l’air à la fois grave et malicieux en même temps. Je ne savais pas comment interpréter cela.

Après m’avoir revêtu de sa veste, il me ramena au bidonville, à trois quarts détruits. J’étais horrifiée. Il m’expliqua que c’était moi qui avais fait ça. J’avais cherché à manger les voisins et passants. Bien malgré moi, je fondis en larme. Pourquoi il a fallu que ça tombe sur moi et que je fasse tant de mal aux gens ?

Suite à cet incident, la vie que je menais ne changea pas vraiment ou très peu. Je voyais les autres esclaves humains se faire libérer les uns après les autres, mais moi je restais enchaînée à un type que je détestais le plus au point, mais contre lequel je ne pouvais rien faire. Enfin, pour l’instant. Le regard aussi des autres à mon égard avait changé. Avec mes avant-bras squelettiques, mes cheveux d’un bleu non-naturel et les marques sur mes pommettes, j’effrayais.  

Le pire, c’était qu’avec ma nouvelle condition, Gaziel voulut en apprendre davantage sur les Namaru. Alors il se prit au jeu de l’expérimentation. Réalisant toutes sortes d’atrocités sur moi, entretenant une rage quasi permanente en moi pour pouvoir me faire changer à n’importe quel moment. Et ce petit jeu bestial dura pendant des années.

Plus ces dernières passaient et plus je me rendais compte d’une chose. Je ne vieillissais plus. Enfin tout du moins mon corps restait tel qu’il était le jour de ma transformation. Ça avait un certain côté angoissant, je devais dire, mais en même temps je ne pouvais pas m’enlever de la tête que de rester toujours aussi belle qu’à mes trente ans, c’était assez grisant.

Le temps passa et fila plus vite que je ne l’aurai voulu, m’habituant un peu trop à mon sort. Je me mangeai une énorme claque dans la gueule quand je me rendis compte qu’une centaine d’années s’était écouler depuis ce soir tragique. Depuis quand j’avais arrêté de compter ? Depuis quand j’avais arrêté de me débattre pour fuir mon asservissement ?  

En plus, ce siècle d’existence ne s’était pas déroulé sans heurt. Nan, plusieurs fois, sous le coup d’une colère monstre, je m’étais changée en cet immense dragon d’os, ravageant tout sur mon passage, tuant bon nombre de gens. Ce qui me valut du surnom de Porteuse de mort, j’en étais pas fan, mais ça m’allait comme un gant cela dit. On devait aussi bouger tout le temps de lieu d’habitation avec mon maître suite à ces transformations. Mais tout ça, c’était sa faute. Je lui en voulais et un jour je lui ferais payer !

D’ailleurs, ce dernier eut vent un jour qu’une convergence commençait à se former dans le désert sous l’impulsion de Bêl. Pas une simple favela, mais une réunion de plusieurs d'entre eux, dessinant l’esquisse d’une ville d’avant. Saisissant cette opportunité, il prit cette direction et participa comme il le put à la fondation d’Umma.

Des quarante ans qui séparaient l’agglutinement des  bidonvilles et la naissance effective du Perchoir, il se fit bien voir de Bêl, apportant son aide le jour là où elle était la bienvenue. Cependant, la nuit, il ne cachait pas sa véritable nature. Et, ne pensant qu’à son profit et son pouvoir, il n’hésita pas à collaborer à la corruption des gens. Bien que ce ne soit pas lui qui en eut l’idée, il était l’un des grands pontes de la fosse.

Quant à moi, j’étais au cœur de ses magouilles. Comment ? Et bien grâce à ma voix. Un timbre qu’on n’oubliait pas, un son qu’on écoutait toujours bien malgré soi.  À force d’expérimenter sur moi, Gaziel avait fini par comprendre quel était le don que m’avait gratifié ma transformation en Namaru. Je possédai une parole qui forçait les gens à exécuter le moindre de mes ordres. Alors, il ne s’en priva pas.

Il m’obligea à faire perdre des paris à une ribambelle de personnes ou bien à organiser la défaite de combattants et donc, par voie de fait, leur éviction. Il voulait que des gens lui doivent des services. Et une multitude d’autres bassesses qui m’écœuraient.

C’était d’ailleurs le sentiment qui m’habitait à cette époque. Je me sentais totalement impuissante face à cette détresse. Mon seul exutoire se trouvait sur la place du marché. Lorsque j’étais de corvée dans cette partie de la ville, je prenais mon temps, malgré le mauvais traitement qui pouvait m’attendre. Je profitais de l’ambiance générale qui se dégageait de l’endroit. Les cris des marchands, les saltimbanques, les danseuses, tout m’habitait. Cette vitrine sur ce genre de vie m’obnubilait.

Alors, un jour j’ai tenté ma chance. J’ai approché des gens et je leur ai fait part de mon envie de chanter. Ils m’ont demandé de leur montrer ce que je savais faire en la matière. Eux comme moi, on a été impressionnés par mes compétences innées. Bien que c’était la première fois que je poussais de la voix, j’avise un timbre de velours et une maîtrise parfaite de celui-ci. Cela devait être une conséquence déviante de mon pouvoir de Namaru.

Ils m’ont accueilli à bras ouverts, m’offrant quand même quelques leçons pour apprendre ce que je ne connaissais pas du chant qu’ils pratiquaient. Ce dernier était vivant, mais instinctif. Ils se laissaient bercer par la musique qui les accompagnait et s’accordaient à elle. C’était mes moments à moi, des instants fugaces où j’oubliais tout, où je m’évadais, et où j’étais enfin libre.

Au départ, je me produisais une fois toutes les semaines, mais plus je chantais et plus cette activité devenait une part de mon être. Après une semaine, c’est passé tous les trois jours, et puis, au bout du compte, tous les jours. Je m’arrangeais pour faire ce que je devais pour mon maître à temps et je m’en accordais par la suite.

Le succès était au rendez-vous. Souvent, une foule de personnes venait assister à mon récital et j’en étais ravie. Mais, je savais que cela n’allait pas durer éternellement. Gaziel connaissait pertinemment ce que je faisais dans son dos, et il ne supportait pas l’insubordination, même si j’en avais rien à foutre.

Ça lui prit cinq ans pour se montrer devant mon étal au marché, à mon grand étonnement. « Si tu veux tant chanter que ça, ma chère, je vais t’en donner l’occasion », m’a-t-il dit ce jour.  D’un simple claquement de doigts, il me fit descendre de mon perchoir. Et le lendemain, ce que j’ignorais, ce que nous partions pour un autre endroit du désert.

Ashera avait l’envie de créer sa propre ville. Je ne sais comment mon maître en eut vent, mais il désirait planter ses griffes dans la substance de cette cité à naître. J’étais là le jour où le grand Fondateur fixa son dévolu dans l’une des anciennes métropoles de jadis. Pléthore d’humains, de Namaru et de leurs propriétaires Asheru, qui n’avaient pas rejoint Umma sous la bannière de Bêl et de Phenex, vinrent se réfugier ici.

Dès son entrée dans Lagash, Gaziel y vit une terre d’opportunité. Il y avait un commerce dans lequel il n’avait pas encore été versé, la prostitution. Et c’était le moment rêver pour pallier ce manque. Il repéra un bâtiment à moitié à l’abandon à une rue de l’eau. Il en fit rapidement l’acquisition grâce à mon pouvoir de persuasion. En à peine un an, il remit l’immeuble sur pied tout en l’aménageant selon ses besoins.

Des enseignes néon avaient installé le long de sa façade, dont un grand annonçant le nom de l’établissement : le Four Rose. Une scène avait été construite à l’intérieur et l’étage avait été apprêté d’une kyrielle de chambres pour les pires atrocités qui soient. Une grande ouverture fut organisée. L’alcool et les femmes coulèrent à flots. Jamais plus une telle effervescence n’occupa les murs du Four Roses, même si sa renommée est honorée chaque soir.

Et moi, au cœur de tout ça, j’étais le clou du spectacle. Il ne m’avait plus réservé pour son utilisation personnelle. Non, maintenant je me faisais rouler dessus par tous ceux qui le désiraient. Il avait même pris le soin de dénaturer ma passion pour le chant. La scène m’était accordée tous les soirs, mais seulement afin d’aguicher les clients, le tout, bien sûr, dans une tenue des plus suggestives.

Pourtant, je ne voulais aucunement concéder la victoire à ce merdeux d’Asheru. Je mûrissais un plan en secret pour me défaire de son appartenance. Ce qu’il ne savait pas, c’était que tous ses démons mineurs qui venaient pour avoir du plaisir se révélaient être un moyen facile d’expérimenter mon pouvoir sur eux.

Il me fallut une centaine d’années de plus pour accéder à mes fins. Doucement, mais sûrement, soir après soir, mon emprise sur les Asheru devenait tangible. Au début, je ne parvenais pas à les envoûter, mais plus je variais les approches, plus j’affinais ma technique. Et une nuit, ils commencèrent enfin à m’écouter. Cela avait annoncé le début de la fin pour Gaziel.

Dans l’intervalle de mon arrivée à Umma et à celui de Lagash, j’avais enfin maîtrisé ma forme draconnique, ce qui rajoutait un poids de plus de mon côté pour venir à bout de mon maître. Une fois que j’étais au point, je fis mon baluchon avec mes maigres possessions et j’allais voir le chef de l’époque du Four Roses, car voilà bien longtemps que Gaziel, qui restait son propriétaire, s’était retiré de la gérance effective de son bordel.  

Honky, le tenancier, je me l’étais mis dans la poche il y avait des lunes de cela, en prévision de cette fuite. C’était un mec bien qui avait des ambitions, certes, mais ne représentait pas non plus le stéréotype du type véreux. Il considérait les filles qu’il employait comme ses propres enfants. Du coup, quand je lui annonçais vouloir m’échapper du bordel et de l’emprise de mon maître, il me donna son soutien et me promit qu’il ferait diversion auprès des agents de Gaziel.

Quand il me gratifia de son feu vert, je sortis en douce du bâtiment et filais rejoindre les appartements du Asheru qui m’exploitait dans la zone huppée de la ville. Discrètement, je me suis faufilée jusqu’à sa chambre, hypnotisant de ma voix tout ceux qui se mettaient en travers de ma route. Quand j’arrivais là où il dormait, je fus saisi par tant d’opulence, pourtant je ne déviais pas de mon objectif.

Silencieusement, je m’approchais de son lit et lui susurrais de ma voix de velours l’ordre de m’oublier jusqu’à mon existence. Je le répétais plusieurs fois, comme un credo qui devait s’implanter dans son esprit. Une fois satisfaite, je m’en fus. Pourtant, les choses dégénérèrent. J’allais franchir la porte d’entrée quand Gaziel surgit derrière moi, sourire aux lèvres. « Tu pensais véritablement que ça allait marcher ton petit tour de passe-passe ? », se moqua-t-il.

C’est là que je le vis se transformer pour la première fois dans sa forme d’Asheru. Un être monstrueux, au semblant d’apparence canin, se matérialisa devant mes yeux. Une écume poisseuse se dégageait de ses babines et une fumée empestant les égouts sortait de ses nasaux. Pas étonnant qu’il ne restait pas sous cet aspect.

Il gratta le sol de ses pattes arrière et me chargea immédiatement. Dans un réflexe, je me suis changée moi aussi en cet être que je cachais à l’intérieur de moi. L’appartement ne pouvant contenir mon dragon, je saisis Gaziel dans mes pattes griffues et donnais un grand coup d’aile pour sortir d’ici avant que le plafond ne s’écroule sur nous. Nous passâmes par les fenêtres qui explosèrent en une multitude de morceaux.

Il gratta le sol de ses pattes arrière et me chargea immédiatement. Dans un réflexe, je me suis changée moi aussi en cet être que je cachais à l’intérieur de moi. L’appartement ne pouvant contenir mon dragon, je saisis Gaziel dans mes pattes griffues et donnais un grand coup d’aile pour sortir d’ici avant que le plafond ne s’écroule sur nous. Nous passâmes par les fenêtres qui explosèrent en une multitude de morceaux.

Notre affrontement se poursuivit dans les cieux de la ville. Tandis que j’essayais de nous faire atteindre une hauteur certaine, il me mordait les bras pour me faire lâcher prise. Ce qui finit par arriver. Mais je ne voulais pas en finir là avec lui. Non, je ne voulais pas juste fuir comme une lâche. Je désirais gagner ma liberté comme il se doit.

Alors que Gaziel piquait une tête vers le sol, s’apprêtant à se réceptionner par je ne sais quel miracle, je fonçais vers lui à toute vitesse pour le saisir violemment dans son lard et le projeter par-dessus ma carcasse. Il percuta la façade de son immeuble et rebondit pour enfin retomber sous mon emprise. Des coups de patte de sa part et de griffes du mien furent échangés, il était clair que je n’en ressortirais pas indemne, mais j’avais la fureur de l’esclavage qui m’assurait une certaine supériorité physique.

Soudain, il me fit dévier dans mon vol et nous quittâmes la couverture aérienne de Lagash pour survoler le désert voisin. Encore une fois, il me fit le lâcher. J’étais épuisée. J’avais hâte que cela s’arrête. Alors, une idée me vint. Je mis tout le reste de mon énergie dans cette ultime attaque. Le temps qu’il reprenait ses esprits de sa chute, je l’attrapais en lui plantant mes griffes dans son dos et le tenais d’une façon à lui laisser le moins de mouvement possible.

Je montais ensuite à vitesse grand V jusqu’aux nuages, qui couvraient le ciel. Puis, je me suis mise à piquer vers le sol en redoublant d’allure. À cinq mètres au-dessus du sol, je lâchais de toutes mes forces mon poids mort et le fit percuter le sable avec une telle violence qu’il ne pouvait pas en sortir vivant s’il était humain.

Je montais ensuite à vitesse grand V jusqu’aux nuages, qui couvraient le ciel. Puis, je me suis mise à piquer vers le sol en redoublant d’allure. À cinq mètres au-dessus du sol, je lâchais de toutes mes forces mon poids mort et le fit percuter le sable avec une telle violence qu’il ne pouvait pas en sortir vivant s’il était humain.

En vol stationnaire, j’attendis quelques instants que la fumée dégagée par le choc se dissipa et constatais que mon adversaire, mon ancien maître, gisait là sous sa forme humaine, presque inconscient. « C’est fini, Gaziel. Je t’ai vaincu, je ne t’appartiens plus ! », que je lui dis, fière de ce que je venais d’accomplir.

Avec les quelques forces qui me restaient, je pris de l’élan et m’envolais le plus loin que je pus de cette cité. Je fis quelque cent kilomètres avant de tomber dans le vague de l’épuisement et de m’écraser sur le sol à mon tour. La dernière chose que je vis ce soir-là, c’était l’esquisse d’une silhouette s’approchant de mon visage.  

Le lendemain matin, je me suis réveillée dans des frangins qui étaient pas à moi et dans une tente que je ne reconnaissais pas. Un sentiment de danger me parvint subitement, mais qui fut vite réfréner par la voix douce d’une mamie qui se tenait dans un coin. Elle m’expliqua que l’un de ses fils m’avait trouvé un peu plus loin dans le désert, mes vêtements à moitié déchirés et des bleus un peu partout sur le corps.

Ils m’ont donc ramené ici et elle s’est occupée de moi comme elle a pu le reste de la nuit. Je la remerciais de tout ce qu’elle avait fait pour moi. Mais je lui dis que j’avais pas de quoi la payer pour ça. Elle me répondit que ce n’était pas grave et que je pouvais rester quelques jours, le temps de me remettre de mes blessures. Ça me réchauffait le cœur d’avoir des gens qui avait de la compassion pour moi. Je m’autorisais un sourire depuis longtemps.

Je suis restée avec cette famille d’itinérant pendant une semaine afin de me requinquer. Mes hématomes partirent au bout d’un jour, mais c’était surtout le moral que je voulais remettre d’aplomb. Pour le remercier de cet accueil, je leur fis des chants tous les soirs. J’avais enfin du plaisir à user de ma voix à nouveau. Dans un cadre tel que celui-ci, très bon enfant, je me fis la réflexion que c’était tout ce que j’avais toujours rêvé. Et j’avais enfin l’opportunité de le réaliser.

Quand je suis parti de cette famille, c’était un peu déchirant pour moi. Je devais avouer, j’ai versé une larme en me retrouvant dans l’inconnu. Leur chaleur allait me manquer, mais il fallait que je reparte de zéro, que je fasse les choses pour moi et comme je le sentais.

Les premières années, j’ai surtout arpenté le désert à la recherche de matériel que je chinais dans les décharges ou que je troquais dans des communautés amicales. Au bout d’un moment, quand j’avais de quoi me protéger et de quoi abriter quelques personnes, j’ai commencé à faire passer le mot autour de moi et par les contactes que je m’étais fais que j’accueillais auprès de moi les marginaux qui ne se sentait pas à leur place ailleurs. Bien sûr au début, je cachais ma nature de Namaru et mes pouvoirs.

C’est vers la dixième année que j’ai découvert un objet insolite qui allait conditionner notre groupe à jamais. J’étais dans une décharge près d’une ville d’avant abandonnée à son sort. On fouillait pour des pièces détachées pour nos véhicules quand cet objet m’attira. Il était imposant, possédait une manivelle, une corne acoustique reliée à un mécanisme sur lequel était fixée une aiguille. Je l’ai scruté dans tous les sens avant de me rendre compte qu’un disque noir fait de stries était posé sur une plaque tournante.

D’instinct, j’ai posé l’aiguille sur ce disque et j’ai actionné la poignée. Et au même moment un son sortit de la corne, il était strident et incompréhensible. Sûrement le disque qui devait être foutu. À quelques distances de ma position, j’ai trouvé une boîte de pochettes rangées à la nawak contenant ces disques. Sans réfléchir, j’ai tout pris avec moi pour en tirer quelque chose au camp.

Une fois là-bas, la ribambelle de gens que j’avais réunis autour de moi fut intriguée par ces objets. Je me suis retranchée dans ma tente et j’ai commencé à expérimenter les disques. Au début, je n’en trouvais pas un qui fonctionnait, l’usure du temps avait dû venir à bout d’eux. Mais après deux heures, j’en ai enfin découvert un qui semblait émettre un son audible.

C’était de la musique ! De la musique d’autrefois. Une troupe s’agglutina alors près de mon entrée pour écouter. Bon, il n’était pas vraiment de mon goût. Les accords et les paroles qu’il émettait ne me faisaient pas vibrer. Puis un autre marcha aussi. Ce qu’il crachait me faisait déjà bouger un peu plus.

Ma tête se balançait violemment au rythme des rifts de la guitare puissante et au grès de la voix quasi décharnée de la chanteuse, tandis que je brandissais mon poing fermé avec l’index et l’auriculaire relevés. Arch enemy, drôle de nom pour un groupe et drôle de réflexe, surtout, de ma part.

Mais c’est vraiment le suivant qui m’avait subjugué. L’ambiance que voulait la musique était celle du feutre, presque de l’intime. C’était un homme qui chantait sur cette première piste. Il était accompagné d’instrument que je ne connaissais pas. Cette musique me donna un urgent sentiment de vouloir danser.

Je me suis retournée et j’ai saisi le bras d’une des femmes derrière moi qui espionnait ma tente. Je l’ai rapprochée de moi, presque collé-serré, une main dans la sienne et l’autre au creux de ses reins. J’ai planté mon regard le plus langoureux dans le sien et nous avons commencé à exécuter des ronds au rythme de la voix. J’étais envoûtée par cette mélodie. Il n’existait plus que cette dernière et le couple éphémère qu’on formait en cet instant.

Quand les instruments s’évanouirent dans le lointain, je lui fis faire un tour sur elle-même avant de la saisir et de l’embrasser tendrement, suivant le flot qui coulait en moi. Elle me regarda avec le rouge aux joues, ne sachant littéralement plus où se mettre. Je lui fis un clin d’œil pour apaiser la situation et la remerciais pour cette danse inopinée. D’ailleurs cette nuit-là, j’ai passé un excellent moment en sa compagnie.

Mais il était clair pour moi, désormais, que je voulais reproduire avec les moyens à ma disposition cette mélopée envoûtante.

Pendant cinq années, j’ai parcouru le désert à la recherche d’instrument au bruit similaire à ce que j’avais entendu dans cette boîte à musique. J’en ai trouvé quelques-uns en piteux état dans des décharges. Nous avons essayé de les rafistoler avec les moyens du bord. Il était évident qu’ils avaient perdu leur éclat d’antan, surtout ce saxophone avec des touches de cuivre remplacé par des appliques en bois grossièrement attachés, mais le principal c’était qu’ils fonctionnaient.

Pourtant, ma plus grande fierté fut de dénicher dans une tribu de chineur un piano en quasi parfait état de marche. C’était mon bébé. Je sais pas comme ils sont arrivés à trouver ce magnifique objet, mais je l’ai acheté à un prix excentrique, mais ça en valait le coup et je le chérirais comme la prunelle de mes yeux.

Soudain, une voix vint me sortir de mon introspection sur ma vie passée.
— Persé, t’es prête ? Les gens n’attendent plus que toi
, souffla doucement Oswald à mon intention.
— Oui, j’arrive tout de suite, répondis-je dans un murmure.

— Persé, t’es prête ? Les gens n’attendent plus que toi , souffla doucement Oswald à mon intention.
— Oui, j’arrive tout de suite, répondis-je dans un murmure.

J’étais à nouveau dans ma tente, face à mon miroir. Je m’observais un peu. J’étais dans ma robe rouge, elle laissait apparaître mes deux épaules à la vue de tous. Elle était asymétrique, devant elle m’arrivait au-dessus du genou et derrière au niveau des chevilles. J’avais enfilé une paire de bas opaques et des talons pour soulignent la ligne de mes jambes. Mes cheveux étaient coiffés d’une mèche qui flottait devant mon visage et un chignon légèrement emmêlé derrière la nuque.

Je m’étais maquillé avec rouge à lèvres violet clair et d’un trait de khôl sur les paupières. Dans cette tenue, ce n’était pas mon côté aguicheur ancré en moi que je voulais afficher, mais simplement mon côté femme. Alors, je sortis avec prestance de ma tante. Tout le monde était assis à une table, une bougie illuminant leur visage. Certains étaient en couple et s’échangeaient des moments tendres, d’autres profitaient simplement de l’instant.

D’ailleurs, plein d’autres bougies, disposées sur l’estrade devant mes gens, rendaient une ambiance feutrée sous la lune haute dans le ciel. J’étais fier de ce que ma communauté était devenue, les gens que j’avais accueillis. J’ai vu des générations défilées devant moi, et chacun d’entre eux avait été heureux de faire partie de l’aventure.

Ceux intéressés par les instruments le jour où on les a trouvés ont tout fait pour les comprendre et maîtriser leurs utilisations. Ainsi, ils ont pu transmettre ça à d’autres dans le campement, nous faisant arriver en cet instant précis, avec moi au-devant de la scène et mes musiciens derrière moi. Notre musique était très semblable à ce que j’avais attendu de cette boîte à musique, mais elle avait été influencée par les autres sons de notre époque, plus instinctifs.

Je leur fis un signe de tête la musique commença. La batterie fut secondée par le piano et la contrebasse. Bien vite, je me rejoignis à la partie.

The night, is like a lovely tune. Beware, my foolish heart. How withe, the ever constant moon...
Je me laissai porter par mon inspiration du moment et de l’ambiance de la soirée. J’étais aussi éprise de mes sentiments du moment. Je repensais à ma vie, à mon envie d’une moitié. Je racontais donc à travers ce chant, l’amour ambiant et l’amour rêver. Et aussi une certaine fierté de ce que j’étais devenu, de ce que j’avais accompli. Les mots s’envolèrent loin dans le désert, envoûtant les gens qui écoutaient.

Autrefois, j’étais humaine. Mais c’est une époque révolue. Le destin ne voulait pas ça pour moi. Et j’emmerde le destin.


Et vous ?
Catherine pour le commun de cette communauté | 25 ans
Comment avez-vous connu le forum ? Un ours, qui m'a alpagué sur un forum défunt, m'a dit de venir ici faire un truc, l'ambiance était sympa, me suis dit pourquoi pas.
Premier compte ou DC ? First one !
Un petit mot ? Merci pour tout, l'accueil, l'ambiance du forum, l'amour qui dégouline sur le fofo et le discord et encore plus !


Dernière édition par Perséphone le Mar 12 Mai - 22:58, édité 51 fois
Perséphone
Messages : 17
Age : +- 30 physiquement/ +- 300 réellement (à arreter de compter depuis bien longtemps)
Occupation : Gére un communauté semi-nomade dans le désert
Pouvoirs : Voix de velours : peut charmer avec sa voix une créature (humain - namaru - ahseru) sous ma forme humaine.

Sous ma forme draconnique : je peux charmer une dizaine d'humain et de namaru, mais toujours qu'un seul asheru
Thème : Bourbon in your eyes by Devil Doll
Reflète assez bien le genre de voix que possède Perséphone
https://terraaustralis.forumactif.com/t110-persephone-le-chant-d-une-ame-en-peine#366
Phenex
Mar 7 Avr - 17:56
https://terraaustralis.forumactif.com/t56-manigances-de-phenex#106 https://terraaustralis.forumactif.com/t27-phenex-le-pire-est-a-craindre-pour-demain-et-ca-ne-me-fait-rien
Asheru
Bienvenue officiellement sur le forum, je suis vraiment très content de te voir parmi nous ! Ca valait le coup d'attendre ! Bonne rédaction de fiche et n'hésite pas si tu as la moindre question !

kissu
Phenex
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Age : Antédiluvien.
Génération : 2de Génération (Vénérable par Dévoration).
Occupation : Consort de la reine Liria, fauteur de troubles.
Pouvoirs : Figura - Vox Absit - Pluma Ignis - Gravitas - Virtuosa - Traumatica.
Thème : ►Conan OST - Riders of Doom ♫
DC : Beastie.
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Perséphone
Mar 7 Avr - 19:34
https://terraaustralis.forumactif.com/t110-persephone-le-chant-d-une-ame-en-peine#366
Namaru
Merci pour cet accueil ! Encore une fois, ça me fait plaisir d'être parmi vous, j'espère ne pas vous décevoir Very Happy
Perséphone
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Mar 7 Avr - 22:58
https://terraaustralis.forumactif.com/t35-peregrination-de-two https://terraaustralis.forumactif.com/t34-two-le-monde-ne-perd-rien-pour-attendre#45
Namaru
Bienvenue officiellement ici, ça fait trop zizir kissu J'ai hâte de découvrir ton perso !
Liria
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https://terraaustralis.forumactif.com/t35-peregrination-de-two https://terraaustralis.forumactif.com/t34-two-le-monde-ne-perd-rien-pour-attendre#45
Invité
Mer 8 Avr - 9:11
Bienvenue officiel ! Sad Bonne fiche !
Anonymous
Perséphone
Mer 8 Avr - 11:04
https://terraaustralis.forumactif.com/t110-persephone-le-chant-d-une-ame-en-peine#366
Namaru
Merci Two, merci Arr ! J'espère qu'elle vous plaira Smile
Perséphone
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Phenex
Ven 24 Avr - 19:03
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Asheru
Je te rallonge le délai de ta fiche de deux semaines comme promis ! Surprised
Phenex
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Phenex
Mar 12 Mai - 23:04
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Asheru
FÉLICITATIONS !
Te voilà validé.e ! ♫
Bravo mon chou !
Te voilà à présent officiellement des nôtres sur le forum, en espérant que tu puisses t'y amuser, faire prospérer tes personnages et ton imaginaire ! Nous te proposons de faire le nécessaire post-inscription mais également d'aller faire un petit tour sur les fiches des autres membres et les annexes que tu aurais loupé. Si tu as des questions, tu peux m'envoyer un petit mp dans ma boîte.

Ce qu'il te reste à faire

- Recenser ton ou tes avatars sur le bottin, et tes comptes si tu as plusieurs.
- Faire ton p'tit journal de bord, avec tes liens et tes rps.
- Passer par les demandes de rp pour débuter tes aventures.
- Ouvrir ton entrevue (un système d'interview) si tu en as envie.
- Faire une demande de lieu ou d'autre chose dans les demandes diverses.
- Proposer des prédéfinis dans la zone scénarii des joueurs.
- T'inscrire sur le Discord pour t'amuser en notre compagnie !
Phenex
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